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19/01/2018

Pesticides : un axe du mal ?

R. Ribotto

   Les pesticides relèvent d'une cohorte de poisons invisibles mais terribles. Pourquoi les viser particulièrement ? Parce que bombes à retardement peut-être aussi néfastes que l'effet de serre.

 

- Brefs rappels de leur nocivité.

- Pour l'homme. D'abord, la toxicité aigüe pour laquelle la relation épandage/maladie est quasi-immédiate : atteintes à la peau, à la respiration, etc. et puis l'angoissante toxicité chronique. Les pesticides sont des "perturbateurs endocriniens", ils chamboulent le fin fond de nos organismes, avec eux par ici les cancers, les intellects altérés, les immunités en berne, etc.

- Pour la nature. La liste des disparitions d'espèces vivantes du fait des pesticides, n'en finit pas de s'allonger, des insectes aux batraciens. Mais c'est toute la nature qui est chamboulée : structures de écosystèmes (populations, équilibres, évolution des contaminations, etc.), fonctionnement de ceux-ci (flux des énergies, productivité, etc.) Tout cela est dans le domaine public, accessible. De tout cela, science ou risques, les pesticideurs ne veulent rien savoir, rien entendre.

 

Préalables.

En cause ici, le pesticide agricole; pléonasme de fait car pour 90 à 95% ces produits sont et font l'agriculture intensive.

- Pour nourrir le monde, faut-il du pesticide ? Peut-être mais pas dans les proportions dantesques actuelles. Pour la France, une étude INRA pose qu'une économie de 30% en est possible avec des changements dans les pratiques mais pas dans les productions. En attendant une réponse à la hauteur des nocivités. Quelle désolation que cette "exception pesticidaire" française : 3e ou 4e consommateur mondial après les USA et le Japon ! Le "Grenelle de l'Environnement" 2007 prévoyait une réduction de 50% de leur consommation en 2018. De l'attrape-nigaud ! On a accru et non réduit.

 

Un impérialisme pesticidaire invincible. En voici les opérateurs ou complices.

- d'abord les firmes chimiques qui fabriquent les produits, monstres internationaux (Basf, Bayer, Monsanto, etc.) Dans la préface d'une traduction de 1972 du "Printemps silencieux" de Rachel Carson, le Président d'alors de l'Académie des sciences, R. Heim, s'insurgeait : "mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences."

- puis les conseillers, instituts techniques ou assimilés, structures de proximité (chambres d'agriculture, coopératives, des syndicats agricoles, etc.) Guère de modérateurs en pesticides parmi eux. Ajoutons les VRP de firmes : là, celui qui conseille est celui qui vend.

- ensuite les "officiels", gouvernements, administrations,.. dont la mission ardente est de maîtriser tout ce qui nuit aux populations. Ils semblent n'être que des greffiers complaisants hors cas où l'ambiance médiatique, citoyenne oblige à porter attention à l'intérêt général. Des Agences officielles ont pour raison d'exister la lutte contre les pollutions dont celles par pesticides. Au vu des résultats, pour certaines, c'est comme si elles n'existaient pas. (Ex: Agences de l'Eau).

- en bout de chaîne, déversant la nocivité dans les organismes humains et dans la nature : l'épandeur.

- chacun de nous soumis aux mêmes pressions professionnelles, sociales, financières que le pesticideur, ne pesticiderait-il pas de même ? Peut-être ! Hélas ! Mais ça n'excuse rien.

 

Au total, la santé publique ne fait pas le poids qu'il s'agisse de mise sur le marché des produits, de normes ou d'interdictions. Tout se passe comme si tout pliait face à une cogestion intérêts agricoles / intérêts chimiques. N'y a t-il pas là comme une sorte d'axe du mal qui agrège profits ici, indifférences ou ignorances coupables ailleurs ? En résumé, un mépris d'hommes pour l'homme. "Criminaliser les néocortinoïdes" écrit l'auteur d'une tribune (Le Monde, 25 Nov. 2017). Cela  vaut pour des tas d'autres pesticides.

 

"C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!

Aux objets répugnants nous trouvons des appas:

Chaque jour vers l'Enfer, nous descendons d'un pas,

Sans horreur à travers des ténèbres qui puent"

(Baudelaire)

 

Mais voici qui réconforte. Comme partout où l'intégrité de l'homme, celle de la nature sont mises à mal, contre l'usage inconsidéré des pesticides, des hommes se dressent qui dénoncent, informent, agissent : agriculteurs choisissant le bio ou associations comme "Générations futures". Soutenons les.

 

 

 

05/11/2017

Complainte du canard gavé

Mon corps est mort, déchiqueté, jeté aux ordures après, bien sûr, que l'on en ait extrait mon "foie gras". Mon âme animale, elle, semble survivre pour je ne sais quel temps éphémère. Voici qu'elle accoste la tienne. Alors, vite! Je veux que tu saches quel terrible destin fut le mien.

 

Enfance.

Je n'ai pas connu mes parents. L'homme a rapproché - hors nature - mon père canard de barbarie, de ma mère colvert. Mon œuf, avec des centaines d'autres, a été stocké dans de vastes armoires industrielles: début de vies pendant lesquelles certains des tiens - les gaveurs - se sont acharnés à nous transformer en choses, en choses souffrantes. Mon arrivée dans ce monde s'est accompagnée, il faut le dire même si le mot te choque, s'est accompagnée donc d'un massacre. J'en ai réchappé parce que je suis un mâle ; tout ce qui était poussin femelle a été broyé en machines, profusion de spasmes d'êtres vivants dans un envol pathétique de duvets tout doux. C'est que les femelles feraient de mauvais foies gras.

Nous, futurs gavés, n'avons pas connu les douceurs du nid, les douceurs de l'enfance : descente d'un ruisseau alignés derrière la mère, traversée dandinante de prés fleuris en barbotant dans la moindre flaque. Mais des vies de caserne, regroupés par dizaines, entrainés à manger jusqu'à plus faim. Un univers qui nous rendait si agressifs que le gaveur brulait nos becs afin que nous ne mutilions pas les uns les autres.

Puis un jour, l'homme nous a précipité en enfer.

 

Bagnes à canards.

Des hangars immenses où des centaines des nôtres croupissaient. Une immense bulle de détresses et d'odeurs malsaines d'excréments à en vomir. Des alignements infinis de cages dans lesquelles nous fûmes, chacun, étroitement incarcérés pendant des jours et des nuits, pendant des mois insupportables. Sais-tu sur quelles surfaces minuscules, corsetés dans des réduits rigides, nous devions vivre si cela s'appelle vivre ? Impossibilité d'accomplir ces gestes élémentaires et nécessaires adaptés à nos corps et à nos comportements normaux. Ainsi. Ne plus pouvoir se nourrir, boire ou même déféquer d'après sa nature. Ne plus pouvoir se retourner, battre des ailes, pulsion de l'oiseau qu'il vole ou ne vole pas. Encore un aspect qui n'est pas le moindre: nous, canards, avons besoin, comme toi, de la société de nos semblables pour communiquer, jouer, bref exister; privés de cela nous avons vécu comme des aliénés de tes asiles.

 

Après l'horreur de la cage, l'horreur du gavage.

Cruelles épreuves que cette besogne du gaveur deux fois par jour. Je l'entendais venir de loin avec ses pas lourds, le bruit de son attirail. Il s'arrêtait devant chaque cage. Et le voici devant la mienne. Une mauvaise sueur m'envahissait. J'étais tétanisé, désespéré. Soudain, l'homme m'introduisait dans le bec - ma tête étant renversée en arrière - un long tube. Soudain, une boule de nourriture, un boulet plutôt, était catapulté dans l'estomac. Pour que tu te rendes bien compte de cette violence, imagine que - d'après des calculs d'humains - tu doives soudain avaler 12 kg de spaghettis en 6 secondes. Supplice subi des centaines de fois que cet embout qui s'enfonce et ce boulet qui m'explose le corps.

 

Corps torturé.

Que veut le gaveur ? Que nos foies à l'issue des gavages soient dix fois plus gros que normal. Ça ne peut se passer sans dégâts. En grossissant, cet organe a pressé toujours plus les autres organes dont des vitaux: cœur, artères et veines, poumons, estomac, etc. Gavage, cage, stress, je n'ai été que souffrances. Dans ce tas de maladies, celles-ci qui me furent fréquentes sinon permanentes : diarrhées et dysenteries, respirations haletantes, digestions déchirantes, parfois blessures par le tube mal enfoncé, dermatites aux pattes celles-ci ne reposant plus sur un sol accueillant mais sur un caillebotis métallique faisant mal, infectant les chairs, empêchant de dormir. Dans l'intérêt de mon foie, l'homme m'a fait ingurgité des drogues "pharmaceutiques" qui m'ont détraqué le système. Et couronnant le tout, une fatigue à en mourir.

J'ai échappé à la grippe aviaire, sale maladie créée par l'homme en entassant à l'extrême canards ou poules. Nos foies alors sont invendables et l'homme nous extermine par dizaines de milliers, contaminés ou non. Après tout, cela raccourcit l'enfer!

 

Et la fin est venue.

Le gaveur m'a transporté à l'abattoir, haut-lieu de ses pratiques car il y récupère mon "gras". Suspendu par les pattes, égorgé, saigné, étourdi, électrocuté, déchiqueté, je ne me rappelle plus très bien l'ordre de ces raffinements tant mon âme en est encore toute secouée. Je me suis débattu jusqu'au bout, j'ai souffert jusqu'au bout.

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Quelle malédiction que cette fantaisie d'hommes que de vouloir manger chic en savourant de la souffrance !

Voici que mon âme décline. Je te dis adieu sur ce vœu : quand tu passeras devant ces boites prétentieuses exhibées en vitrine et qui enferment un peu de nos chairs, pense à moi, à ma vie qu'aucune pitié n'a jamais adoucie.

01/07/2017

Protéger la nature avec ses mots

Ces fondements sont-ils les vôtres ?

1- Protéger la nature est essentiel. Ca l'est pour l'homme, se rappeler les "services rendus" par la nature qui nous font survivre; ça l'est aussi pour tous les êtres vivants si vous leur reconnaissez une valeur en soi.

2 - Pour un temps dont nul ne voit la fin, la nature se dégrade implacablement.

Si oui et si vous visez cohérence et dignité, alors vous réagissez.

 

Ces lignes portent sur une réaction modeste dont nous oublions ou sous-estimons la puissance : s'exprimer par la parole ou l'écrit, par exemple lors de chantiers dont l'impact écologique inquiète, en direction de détenteurs de pouvoirs politiques, administratifs ou autres.

Admettez ceci. Tant que le souci de nature n'est pas exprimé, le décideur croit ou est excusé de feindre de croire que personne ne le partage. Ce qui n'est pas dit, n'existe pas. A l'inverse, le décideur imaginera, et ce sera statistiquement vrai, que la personne qui se manifeste ainsi représente, à son insu, l'opinion de plusieurs autres personnes qui, elles, n'ont osé la démarche.

De nombreuses barrières psychologiques freinent l'initiative. Une pudeur, une réserve à s'exprimer auprès des "autorités", une crainte diffuse de se faire mal voir; en fait, les interlocuteurs, face à qui use envers eux, de courtoisie, ne sont pas généralement des affreux. Au sein d'enjeux économiques ou sociaux, le défenseur de l'enjeu nature se sent parfois tout petit ; qu'il récapitule alors en son for intérieur, ce vers quoi les actuels comportements ou décisions anti-nature, conduisent la planète.

Concrètement, ce qui précède pourra se traduire par un mail de deux phrases envoyé à un décideur, disant votre souci de nature dans l'affaire X

"Quelle que soit la faiblesse de la parole face à la contrainte des choses et face à la poussée des intérêts, elle peut néanmoins contribuer à ce que cette conscience franchisse le pas de la crainte vers la responsabilité pour l'avenir menacé" (Hans JONAS, "Le principe responsabilité")

23/05/2017

Aimer un coin de nature

Le recours au mot "nature" est des plus fréquents ainsi la publicité qui en abuse pour les produits les plus anti-nature. Pourtant, nous sommes coupés de sa réalité comme peut-être jamais dans l'histoire tandis que notre quotidien nous invite à renouer avec elle pour notre épanouissement, pour la science, pour l'avenir, pour elle-même confrontée à cette terrible agression dite "érosion de la biodiversité".

 

Adopter un "coin" de nature.

- A chacun sa manière d'entrer en connivence avec la nature pour vibrer, s'émerveiller, voisiner avec des êtres vivants, entendre l'appel de la forêt, du fleuve ou de la montagne. En complément avec beaucoup d'autres, suggérons celle-ci : porter un intérêt spécifique, constant à un espace naturel circonscrit, "personnalisé"

Quels avantages à se concentrer ainsi sur un site particulier ? Ceux liés à la familiarité que l'on finit, au fil de promenades régulières, par éprouver pour lui; ceux, de manière générale, que l'on ressent à visiter un ami ou un parent que l'on aime. Jouissances d'ambiances changeantes au cours des saisons, découvertes progressives et affinées de richesses en faune et flore, en sols et reliefs...Vécu plus intense d'évènements tels que crues,sécheresses, tempêtes, brouillards et pluies. Adopter un coin de nature et aussi s'en faire adopter.

Quels espaces adopter ? Ils sont innombrables les coins de natures auxquels s'attacher. Déjà, un simple jardin suffit pour se brancher sur les mystères de la nature. En plus vaste et donc, a priori, plus riche en espèces, l'on choisira, par exemple, une rivière ou section de rivière, une forêt ou zone de forêt. Pour n'importe quel département, il n'est que l'embarras du choix au sein de son patrimoine paysager et naturel: vallées, bois étangs ou monts et tant d'autres lieux. Mais voici ce vers quoi nous souhaitons vous orienter  : les zones dites "Natura 2000".

 

Pourquoi " Natura 2000" ?

- Ces zones font partie d'un dispositif législatif et règlementaire dont l'objectif est la protection du patrimoine naturel. Parmi leurs spécificités: constituer un réseau et non un saupoudrage de confettis de nature, y accepter des activités compatibles avec leur préservation. Au début, une directive européenne, puis des textes français pour leur application, enfin, pour chaque site des sortes de conventions de gestion.

Pourquoi les privilégier ? Parce que ces sites sont délimités, personnalisés; leurs périmètres qui sont reportés sur des cartes, se réfèrent à la richesse du patrimoine naturel. Ils ont donné lieu à la production de documents pleins d'informations, documents accessibles pour beaucoup d'entre eux car mis en ligne.

Protecteurs de "Natura 2000"

Ce sont les propriétaires et exploitants de ces espaces - comme de tout espace protégé riche en nature - qui ont le souci de leur préservation; des collectivités publiques doivent veiller au respect des lois. Mais c'est d'un patrimoine d'intérêt général, précieux et fragile, dont il s'agit ici. Un patrimoine que nous devons transmettre au mieux à nos descendants et là nous sommes, nous écocitoyens, tous concernés. D'abord, puisse chacun de nous pratiquer une fréquentation respectueuse et non saccageuse de nature. Ensuite, nous pouvons (devons?) dire zennement notre mot en ces circonstances où se profilent des aménagements ou équipements déstructurants qui ont en bruit de fond celui du tiroir-caisse.