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01/02/2020

Réchauffement climatique: jeunes en légitime défense

Nous savons ce que la physique, la chimie, la biologie réagissant à nos émissions de gaz à effet de serre (GES) vont nous infliger : canicules d’enfer, inondations et autres fléaux climatiques ; et nature en berne. Nous savons que cela ne sera pas zen, que des heurts sociaux seront rudes pour se protéger, manger ou migrer. Nous savons enfin qu’une réduction drastique de la population de plusieurs milliards d’humains en 2100, selon certaines études, n’est pas exclue. Ce savoir est comme impuissant.

 

Générations futures

Il y a pire mais par sa banalité le cas est typique, celui des autos dites SUV. Leurs usagers n’ignorent pas qu’ils brûlent plus de pétrole qu’il ne convient et qu’ils sont donc caniculards bon teint ; ils ont, dans l’ensemble, enfants et petits enfants. Le vice ostentatoire carboné noie tout cela.

Voilà quelques décennies, des scientifiques ont commencé à redouter pour les « générations futures » l’effet de nos pollutions, le réchauffement climatique n’étant pas encore dans les médias. L’horizon alors était vague, lointain. Maintenant, les échéances sont proches : le bébé qui naît ce jour aura 50 ans en 2070, dans la force de l’âge, dans un chaos climatique installé vis à vis duquel les canicules type 2019 sembleront d’aimables mises en bouche. L’homme à l’égard de sa proche descendance est ambigu  : amour ici, parfaite indifférence pour l’essentiel, là. Après nous peu importe ?

 

Démissions.
Ce qui précède est peut-être largement admis : des couples disent qu’enfanter est désormais coupable, propos de toujours devenus cohérents avec la situation. Certes, le sujet est débattu : COP - messes, déclarations, plans... . ; c’est mieux que rien ; par rapport à l’urgence, c’est si peu. Une ambiance glauque gêne l’action. En témoignent les baves séniles à l’encontre de Greta Thunberg, haro, en certains pays, sur le prétendu terroriste qui veut savoir et faire savoir ; haro, en tous pays, sur qui propose des mesures vraies d’atténuation des GES accusé d’être acccro à l’écologie punitive.

Il y a toutes ces tendances lourdes, désespérantes : accroissement mondial des émissions de GES, vastes développements programmés d’énergies carbonées tant en pays émergents qu’émergés, importance des populations qui veulent accroître l’effet de serre et que traduisent les élections de Trump ou Bolsonaro…. Avec la persistance d’une démographie suicidaire. Les pro GES ont le pouvoir économique, politique, social, culturel ; leur credo : le libéralisme sans entrave. Même dans des pays s’auto-déclarant sages – France - pour un pas en avant (isolation de l’habitat) deux pas en arrière (aménagements routiers) ; a priori pertinente, la taxe carbone jaunit les gilets : des circonstances atténuantes sociales expliquent le fait mais quelle tristesse !

Ecogestes : les puissances GES les aiment quand ils font de leurs victimes de quasi coupables ; il n’empêche : nous sommes individuellement impliqués (un quart des efforts nécessaires pour surmonter le fléau) Nous ne sommes pas prêts à changer en dépit de ce que nous répondons aux sondages ; nous sommes englués dans nos modes de vie.

Comment secouer assez fort les sociétés pour réduire l’ingérable ?

 

La catastrophe pour déniaiser . 

Le philosophe Hans Jonas a espéré « qu’une série de petites catastrophes naturelles nous ramèneront à temps à la raison de manière à ce que nous soient épargnée la grande catastrophe. » Seule la catastrophe enseignerait l’intérêt de l’homme, forcerait à réagir. Alors, ne faut-il pas prier pour de graves événements et non des petits ? Par exemple, la survenue prochaine de fureurs qui seront normes en 2100, plus violentes encore que l’embrasement australien récent. Et si possible dans des pays très GES ? H. Jonas ajoutait : « ….je n’arrive pas à croire que l’humanité regardant l’apocalypse en face puisse y succomber. » Naïveté de penseur ?

 

les jeunes tout seuls.

Ce qui suit n‘est pas une apologie en soi des jeunes : jeunes et vieux sommes une même poussière. Lorsque le dur univers que nous planifions de fait, surviendra, la plupart des adultes aujourd’hui « en responsabilité » seront morts , ce sont les jeunes d’aujourd’hui – et les hommes à naître qui auront à gérer les calamités.

Pratiquement, ils ne peuvent compter que sur eux. Ils ont des atouts. Ces âges d’entre deux, (18/30 ans, ou 18/25 ans ?) riment avec raison ( l’éducation est censée y contribuer), avec passion sans laquelle il n’est pas d’action. En principe, l’engluement GES est y moindre. C’est dire qu’ils n’en font pas assez, n’en feront jamais assez dans leur lutte – non violente - contre le réchauffement climatique. Les adultes ne pouvant plus laisser à leur descendance un monde meilleur que le leur ni même qui ne lui soit pire, n’en feront jamais assez pour accroître le pouvoir des jeunes.

 

Que la Force soit avec nos filles et nos fils !

 

13/04/2019

Calamité pesticidaire

Ils sont partout: "...dans l'eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l'estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveaux-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises." (Extrait : "Nous voulons des coquelicots")

Les pesticides agressent la terre entière, air, sol et eau, ils l'agressent un peu plus chaque année. (Ainsi, en France, +10% de 2009 à 2016) La science explique leurs redoutables nocivités. C'est qu'ils contaminent présent et avenir, altérant le fin fond des organismes vivants. L'homme est atteint sur le champ ou à retardement: cancers...descendance; pour la nature, faune et flore, leurs impacts seraient aussi destructeurs que ceux redoutés avec les changements climatiques.

Voici qui est carrément scandaleux : mise sur le marché ou usage des pesticides, la santé publique ne fait pas le poids. Finances, profits sont prioritaires. Tout se passe comme s'il n'y avait qu'indifférence chez celui qui fabrique, commercialise ou déverse à tous vents. Etats, Europe, administrations, politiques...tous courbent l'échine. Tout se passe comme si, sans remords, l'on jouait avec la santé des gens, avec l'avenir.

On s'enflamme à propos de l'ISF: c'est dérisoire par rapport aux pesticides. Ce n'est pas que les ONG ou les scientifiques se taisent. Alors, quels ronds-points médiatiques, politiques, occuper pour un débat clair sur le pesticidaire ?

13/11/2018

Pour la nature: citations.1

-Christian X (Site"Actu-Environnement", Forum 12 Juillet 2011)

"... la disparition d'une violette ne changera pas le monde mais l'esprit qui mène à la perte de cette violette peut mener à la perte du monde lui-même."

 

-Aldo Léopold ("Almanach d'un comté des sables" Aubier 1995, p145)

"Nous savons à présent ce qu'ignorait avant nous toute la caravane des générations : que l'homme n'est qu'un compagnon voyageur des autres espèces dans l'odyssée de l'évolution. Cette découverte aurait dû nous donner, depuis le temps, un sentiment de fraternité avec les autres créatures; un désir de vivre et de laisser vivre; un émerveillement devant la grandeur et la durée de l'entreprise biotique."

 

06/09/2018

Stoïcisme et écologisme

Stoïcisme et écologisme.

 

D’accord ! Les propos qui suivent sont ceux d’un amateur et non d’un prof de philo. Mais pourquoi le dilettante tout comme le bavard de bar-tabac ne pourraient-ils parler aux foules ? Par ailleurs, dites-vous,n’est ce pas d’un anachronisme excessif que de vouloir accoler des sagesses si éloignées dans le temps. Les pensées hellénistiques sont nées de la mondialisation des grecs par Alexandre ; l’écologisme, quant à lui, se confronte à l’immense dégradation actuelle et surtout à venir, de la biosphère. Ça ne doit pas empêcher de plaider que stoïcisme et écologisme, à l’occasion, se tangentent et même se recoupent.

 

Pourquoi le stoïcisme ?

Epicurisme, scepticisme, stoïcisme, cynisme, cyrénaïsme, toutes ces pensées hellénistiques ont quelque chose à nous dire, à nous gens du smartphone, pour notre bien. Elles nous le disent pas seulement en abstrait mais dans le concret d’un art de vivre. Sans exclure l’éclectisme, si le stoïcisme est ici privilégié, c’est que cette éthique-là nous paraît superbe. Certes, passions et plaisirs y sont muselés. Croyais-tu avoir enfanté un immortel ? rétorque Epictète au père qui pleure son enfant mort. Oui, tout ça est rude mais il y a le reste.

Voici en vrac quelques perles de l’enseignement stoïcien pour assurer tranquillité de l’esprit et grandeur d’âme. Discerner ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous, agir et penser en conséquence / Comprendre que ce ne sont pas les choses qui nous affectent mais notre propre jugement sur les choses. /Voir les choses dans leur réalité. / Trouver sa liberté dans un monde de nécessité, se suffire, accepter l’inexorable / Etre citadelle (non tour d’ivoire) ; « Etre semblable au promontoire contre lequel se brisent continuellement les flots ». / Relativiser : les existences sont éphémères ; dans le cosmos, la Terre est moins que minus / Cohérence avec la raison. / Cohérence avec le cosmos, l’humanité, soi. / Il n’y a de bien que le bien moral. Le stoïcisme nous égale à Dieu ou aux dieux s’ils existent.

 

Le stoïcien : un écolo qui s’ignore ?

« Suivre la Nature », ce serait, écrit-on, le slogan des stoïciens. Super ! dit l’écolo. En fait, il faut accorder la formule. Notre nature ( écosystèmes, biotopes, faune, flore,..) n’est pas celle des anciens. Pour eux, nature, raison, logique, logos Dieu ou dieux, cosmos, univers, c’est plus ou moins du pareil au même. On doit suivre la nature parce que source de normalité et de moralité. Nous, nous sommes plus contingents, le choses sont comme ça, elles auraient fort bien pu être comme ci. Enfin, tirer une morale de la physique est risqué.

Cela dit, il faut aujourd’hui comme hier s’accorder à la nature ; «partir de la nature universelle et de l’organisation du monde »(Chrysippe, un père du stoïcisme). Etre cohérent avec les lois physico-chimiques, biologiques, évolutives qui font le monde.

 

Même écocentrisme ?

Pour Aldo Léopold, philosophe écologiste forestier américain du début du 20e (« Almanach du Comté des sables »), l’important est l’écosystème : biotopes, êtres qui y vivent, interdépendances). Un de ses principes (complété par la suite par son disciple Callicott) : une chose est juste quand elle tend à préserver l’intégralité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique.

Qu’en dit le stoïcien ? Citons Pierre Hadot (« Introduction aux Pensées de Marc-Aurèle »). « Cette connexion,, cet entrelacement, cette implication de toutes choses en toutes choses, est un des thèmes les plus chers à Marc-Aurèle » . « il s’agit surtout de vouloir intensément le bien de l’univers et de la société en découvrant qu’il n’y a pas d’autre bien propre pour la partie que le bien commun du Tout ».

Une prof de philo écrit (Christelle Veillard, « Les stoïciens. Une philosophie de l’exigence », Ellipses 2017 : « C’est pourquoi l’énoncé « vivre selon la nature » doit être précisé de la manière suivante : ce n’est pas seulement vivre en accord avec notre nature d’homme mais vivre aussi en accord avec la nature c’est-à-dire la nature cosmique. Les stoïciens sont ainsi en quelque sorte les premiers écologistes ou plutôt les premiers à penser l’idée d’écosystème ».

« Suivre » ou vivre en cohérence avec la nature, suppose connaître la nature.Pour une autre prof de philo (J. Lagrée, « le naturalisme stoïcien », en ligne), le stoïcisme, à cet égard, fit l’éloge de la science. Rêvons d’un stoïcisme cohérent avec la cosmogonie d’après Einstein, avec l’évolution de la vie d’après Darwin.

 

Parfum « d’écologie profonde » ?

Le philosophe norvégien Arne Naess, fondateur de « l’écologie profonde », a proposé huit principes pour une éthique environnementale. Parmi ceux-ci : reconnaître la valeur en soi des êtres vivant, humains ou non humains, reconnaître la valeur en soi de la richesse et de la diversité des êtres vivants. Il a aussi proposé une sagesse écologique ou écosophie dont voici un raccourci extrême. Passer de soi (individu) à Soi (nature, cosmos) ; adapter ses besoins aux besoins de la biosphère. Qu’en dit le stoïcien ? « Ainsi, si elle s’accompagne d’un consentement aux événements, la prise de conscience du moi, loin de l’isoler comme un îlot minuscule dans l’univers, l’ouvre, au contraire, à tout le devenir cosmique, dans la mesure où le moi se hausse précisément de sa situation limitée, de son point de vue partial et restreint d’individu, à une perspective universelle. Ma conscience se dilate ainsi aux dimensions de la conscience cosmique ».

 

L’écologiste stoïcien.

« Si un sage, n’importe où, tend le doigt avec sagesse, tous les sages de la terre en tireront profit. » aurait dit Chrysippe. Donc il peut en aller de même entre nos deux sagesses. Dans les deux cas, il y a recherche de cohérence. « Ceux qui vivent dans l’incohérence, ce sont des gens malheureux » (Zénon, autre père). Convenons aussi qu’écologistes et stoïciens visent le bien moral.

P. Hadot ordonne les pensées de Marc Aurèle selon trois disciplines ou thèmes d’exercices spirituels, ou règles de vie : assentiment /désir et impulsion / action. L’écologisme s’y retrouve.

 

Discipline de l’assentiment.

Veiller à démêler le vrai du faux. Recherche de l’objectif dépouillé de subjectif. Se libérer de ce qui asservit le jugement, le désir, l’action (opinions par exemple). Mouvement qui pousse à bien penser, à bien parler, à se faire une représentation adéquate des choses, à ne donner son assentiment qu’en accord avec la raison. Tout se passe dans la tête, dans l’esprit, dans sa citadelle ; n’importe qui peut/doit rejeter le mal moral.

Discipline nécessaire pour l’écologiste. Les avancées des discours sont volontiers des reculs dans l’action et l’on s’y perd. Des politiques sont ambiguës et l’on craint qu’elles ne servent le profit avant le Bien : transition écologique, économie verte,…

 

Discipline du désir et de l’impulsion.

Discipline du désir : refus de désirer autre chose que ce que veulent la Nature du Tout, la raison universelle. Discipline de l’impulsion : faire ce que ma nature propre veut que je fasse et qui (refrain) ne doit être rien d’autre que le bien moral

Rester en cohérence avec soi et s’accorder au monde : c’est le débat « stoïcien-écolo » d’il y a quelques lignes.N’y revenons pas mais insistons : si les fondements des deux sagesses diffèrent, leurs conséquences convergent.

Hadot liste des applications de ces disciplines. Ainsi. Coupler contemplation de la nature à collaboration personnelle au bien général du Tout en jouant ici-bas le rôle choisi par le destin. Circonscrire le présent car « notre vie réelle se limite à cette pointe minuscule qui nous met en contact (…) avec le mouvement général de l’univers ».

 

Discipline de l’action (ou l’action au service de l’homme)

L’action est devoir moral. Elle vise d’abord à se conserver soi-même à l’instar de tout être vivant mais en restant cohérent avec soi, au service de l’humanité. Cosmos, cités, familles : mêmes devoirs. Altruisme et cosmopolitisme. Dans l’action, pas d’agitations de marionnettes . L’action peut échouer mais tout est dans l’intention ; accepter l’échec mais repartir.

L’épandage excessif de pesticides, en stoïcien, est du Mal moral ; l’écocitoyen, le citoyen tout court s’indignent ; sois bienveillant lui recommanderait Marc Aurèle, explique encore et encore.

 

Le stoïcisme en dépit du respect qu’il s’est attiré tout au long des siècles, n’a rien amélioré dans les comportements de l’homme envers la nature, l’humanité, lui-même. Côté écologisme, face à l’avenir que l’homme se crée (effet de serre, biodiversité en saccage, pollutions,..), il semble bien qu’il n’y ait d’autre choix logique et sage que d’être « décroissant » (moins de consommations d’énergie, de matières, moins de démographie..). Qui est prêt à cela ?

Mais bon ! Stoïcisme et écologisme auront du moins sauver l’honneur.