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01/05/2016

Combattants de la nature : merci!

Faire prendre en compte l'intérêt général par les "pouvoirs" n'a rien d'évident. Cela exige vigilance constante et grand courage. Il en va ainsi pour les droits de l'homme bafoués jusque dans les pays civilisés. Il en va ainsi pour la cause écologique.

De la nécessité des écoguerriers (EG)

A moins de s'acharner à imiter ces singes du Japon qui ne veulent rien entendre, rien voir, rien dire, chacun sait que le recul de la nature, l'enjeu écologique sont des enjeux majeurs de ce temps. Affirmer que l'humanité est amorphe face au défi serait caricaturer. Ailleurs ou ici, des lois sont promulguées, des actions engagées. Mais  peu de tout cela est à la hauteur de ce que la réalité exige. Ainsi, l'accroissement de l'effet de serre aux conséquences immenses, se poursuit avec pour seules réactions des mots et des messes aux objectifs peu crédibles (Cf. article "Science et Vie" Décembre 2015). Pire, en France, parmi les quelques lois dites protectrices, il en est qui, au nom de la compétitivité et des finances, sont châtrées", détricotées " comme on dit; des garde-fous - normes environnementales - sont "simplifiées". Pire encore. Demander que soit appliquée la loi - recours d'associations devant un Tribunal - est dénoncé par qui de profit comme de l'écoterrorisme. Toujours pire. Bavure morale? Voici que l'on a fait subir à des écolos aux mains nues et au verbe responsable, des mesures liées à "l'état d'urgence" et destinées à des assassins terroristes. Mais est-ce seulement une bavure, ne serait-ce pas un dévoilement de puissances pour qui protéger la nature et l'avenir est coupable ? Les blasphémateurs de la terre ont décidément le pouvoir. 

Mais voici qui empêche de désespérer. Face à ces scandales, des femmes et des hommes de bonne volonté, en groupes ou isolés, se dressent. Leur diversité fait penser à un puzzle dont les pièces seraient: associatifs, journalistes, penseurs, juristes, politiques, amoureux de la nature...et écoguerriers. Ecoguerriers sans qui le puzzle serait fragile, incomplet, inefficace.

 

Une référence: "Les faucheurs volontaires". Août 2003 sous la canicule dans le Larzac. Libouban, disciple de Lanza del Vasto lui-même disciple de Gandhi, avec d'autres, lance un appel qui deviendra une "Déclaration". Objectif: combattre les cultures d'organismes génétiquement modifiés (OGM). José Bové animera le mouvement. Les scénarios des actions ont été proches de celui-ci. Des "faucheurs" arrivent sur un champ OGM. Ils arrachent puis repartent par leurs propres moyens ou dans les fourgons de la Gendarmerie. Initiatives fortes mais ultimes : tout le légal a été tenté mais en vain. Le "faucheur" s'engage à titre personnel, non violent, carte d'identité en main. Prêt à payer des amendes, à dormir en prison. Au cours de procès, les avocat en ont appelé à un "état de nécessité" qui rime avec le principe de précaution inscrit dans la Constitution. Il s'entend ainsi. Pas question de nier l'infraction mais l'environnement est un bien commun; l'OGM risque d'y causer de gros dégâts, il est bon d'intervenir. Les moyens utilisés par les Faucheurs ne sont pas disproportionnés par rapport à ces risques.

Quelles leçons  tirer des "Faucheurs"? Cette volonté de situer l'action dans un contexte citoyen : désobéissance mais civile, non violente. Le geste plein de panache de qui s'oppose aux puissants: firmes industrielles et leurs rouages aidant ces dernières à pénétrer les nations. Les Faucheurs ont rendu plus difficile le libre déversement de l'OGM, ont colmaté des brèches juridiques (France, Union européenne). Ils ont porté le débat sur des questions de fond, de la citoyenneté à l'agrobusiness. Ils l'ont porté sur la place publique.

 

Qu'est l'EG ?

Telle personne veut protéger la nature, elle juge cette cause vitale et juste. Elle mesure l'insuffisance de l'application de la loi du moment, les blocages des institutions, l'inconsistance de beaucoup de politiques, l'inutilité de préfets, débats, dossiers, réunions. Elle se désole de ce que les protecteurs soient moqués et les destructeurs loués. Elle n'imagine pas rester l'esprit au pied alors elle franchit un Rubicon, court-circuite les structures. De l'illégalité au service de la légitimité. La philosophe Anah Arendt a plaidé pour une introduction du principe de la désobéissance civile dans les institutions politiques.

L'E.G. réagit aux dégradations de la nature qu'elles soient petites et diffuses ou massives mais, de fait, la société le découvre dans les grandes manifestations. Dans le concret, les actions vont de l'occupations de locaux, d'espaces, à des blocages de circulations avec parfois, il est vrai, des destructions de matériels. Les objectifs, selon les moments, seront de faire annuler des projets, d'arrêter ou freiner des chantiers et, partout, de mettre de la sono là où se trame de l'anti nature. Oui vraiment, si certains projets se réalisaient sans bruit, c'est alors qu'il faudrait désespérer de l'homme. Mais non! Ils sont là : corsaires de l'écologie contre pirates du profit.

La violence. Nous sommes tous très ambigus là-dessus. Nous sourions à l'automobiliste qui traverse un bourg à 70 km/h et, de ce fait, meurtrier en puissance, et vouons aux gémonies le tagueur de mur qui lui ne l'est pas. Cela dit, la violence sur les personnes doit être un critère décisif de jugement. Les violent n'aiment, consciemment ou non, que la violence et la cause qu'ils arborent n'est qu'un alibi. L'ennui est que les grandes manifestations écologistes rassemblent des motivations très diverses avec certaines accrocs à la casse. Il reste à trouver à chaque fois la démarche qui unit des convergences mais évite le chaos.

 

Ecoguerriers, éco-héros de Notre-Dame-des-Landes ou d'ailleurs et de sites à venir: tenez bon!

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