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07/03/2016

Naturogestes (écogestes): un choix

Pour qui la nature a du prix le ciel est gris. L'hémorragie des espèces vivantes est gigantesque et nos impacts croissent toujours plus. On peut chercher sa vérité  sans s'engager outre. Mais l'âme bien née qui sent en  elle la terre gémir veut réagir. Il en est qui se dressent seules , par caractère, par répugnance à toujours, dans un groupe, devoir remuer la queue avec les autres. Suivons-les.

Préalable: l'exercice spirituel.

L'adjectif "spirituel" peut heurter semblant en appeler au religieux. Un penseur - Pierre Hadot - a retenu l'expression parce que son rapport avantages/inconvénients semble positif dans la perspective suivante: faire entendre que ces exercices sont l'oeuvre non seulement de la pensée mais aussi du psychisme de qui les pratique. Pour ce qui nous occupe, il s'agit de méditer de temps en temps mais obstinément sur une place de l'homme dans la nature qui respecte celle-ci. Méditations qu'accompagne la conscience des interdépendances entre soi et la biosphère, d'appartenance au fleuve du vivant, d'être une partie d'un tout. Qui s'appuient sur les données scientifiques. Qui s'appuient aussi sur l'émotion, l'émerveillement. Qui orientent vers une sagesse écologique qui certes ne sera jamais atteinte mais cap ou phare de naturogestes quotidiens et modestes.

 

Naturogeste prioritaire : s'exprimer.

"Quelle que soit la faiblesse de la parole face à la contrainte des choses et face à la poussée des intérêts, elle peut néanmoins contribuer à ce que cette conscience franchisse le pas de la crainte vers la responsabilité pour l'avenir menacé.." Si le penseur écologiste Hans Jonas écrit vrai alors la tâche est claire : par la voix, le crayon ou l'écran parler de nature, plus précisément d'agressions sur la nature qui indignent. En parler à tout le monde : parents, collègues, fifres et sous-fifres de collectivités, de sociétés. On dit qu'une lettre envoyée à une revue équivaudrait pour qui la reçoit à l'opinion de cent personnes qui, elles, n'on osé cette démarche. Etre souris qui rugit.

En couronnement: l'objection de conscience. L'organisme dont vous êtes salarié(e) décide ou laisse  faire du néfaste pour la nature, alors objectez !. Evidemment, quand l'emploi est fragile, cela exige un caractère de fer que le sort n'octroie qu'avec parcimonie. 

 

Brève sélection de naturogestes (gestes à faire ou à éviter pour réduire le moins possible d'espaces naturels, d'espèces vivantes)

- Telle personne aime la nature à la folie dit-elle, elle veut en jouir, la voilà partie à construire une résidence secondaire en pleine nature. Elle va consommer de l'espace - habitation et ses dépendances (garage, allées,etc.) -  mais pas seulement, elle le mite, éloigne les animaux, nuit à leurs circulations par le bruit, les pollutions, les clôtures. Amour de la nature mais amour sadique.

- Hors chez soi être "guetteur". Découvrir la richesse biologique des sites que l'on aime fréquenter : cours d'eau, forêts,...Et faire connaitre à qui de droit leurs pollutions. Protester face à des violences, au cours de chasses ou de piégeages d'animaux dits bêtement "nuisibles" sachant que c'est peut-être là risquer des brutalités verbales en représailles.

- Moins de viande dans son assiette. Ce sera moins de souffrances animales, moins de risques cardiaques, ce sera aussi moins de destruction de sites naturels. Pourquoi cela ? Cette agriculture intensive qui assèche ruisseaux, nappes et zones humides, qui empoisonne sol air, eau avec ses engrais et pesticides, a pour principale destination l'alimentation du bétail intensif.

 

Vrac.

Elles pullulent ces listes d'écogestes incitant à fouler la planète d'un pied plus léger: moins accroître l'effet de serre, moins gaspiller d'énergie et de matières non renouvelables. Ainsi recommande t-on de mieux user de sa voiture, pas de voiture déjà ou alors petite, sans diesel ou encore de fermer le robinet d'eau après sa toilette, de bien trier ses déchets, etc. ("etc" à perte de vue). Des revues nous gratifient d'interviews d'adeptes de "simplicité volontaire", de vies frugales; ça évoque les "Vies de saints" du Moyen Age. Mais un penseur de la décroissance, Serge Latouche, le dit : "Je veux insister sur l'importance de l'attitude individuelle comme pédagogie pour préparer au choc à venir.."

Ces écogestes se pratiquent donc au menu ou à la carte. Parmi ceux proposés, certains ont des relents d'hypocrisie: comme si l'objectif souterrain était de culpabiliser le citoyen ordinaire et d'exonérer les agissements massifs, nocifs, de sociétés, gouvernements, etc. Certain font ridicules comme les interdictions (écogestes alors imposés) d'arrosage de son jardin, en été sec, alors que l'on est en zone de cultures intensives. Qu'importe! Nous voulons être le colibri de Pierre Rabhi. Un incendie ravage une forêt; un colibri s'active à jeter sur les flammes des gouttes d'eau recueillies dans son bec. C'est dérisoire dit un tatou agacé. Je fais ma part rétorque le colibri.

 

Vers l'action collective. Soutenir - adhésions, dons - des associations de préservation de la nature, associations locales voire internationales car c'est toute la biosphère qui n'a plus beaucoup l'occasion de rire.

 

Naturogestes pour sauver l'honneur de son temps, de sa collectivité, le sien aussi.