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09/04/2016

Chrétiens et nature : la guerre ?

Qu'est le christianisme - religion dominante de la planète - pour qui dit le pratiquer? Une sagesse de vie? Ou plutôt une tradition, un conformisme s’accommodant parfois d'attitudes contraires à l’Évangile ? Ne surestimons pas le poids des religions. Dans une société, pour un credo donné - dominer la nature par exemple - il ne faut pas faire porter le chapeau par la seule chrétienté.  Pour qu'il s'installe, il a fallu que ce soit en harmonie ou du moins non opposé aux autres composantes de la dite société: culturelles, politiques, sociales, historiques,...Ne pas le sous estimer non plus: nous avons besoin de spiritualités même sachant que celles-ci finissent par nous pétrir comme de la cire et que, de fait, leurs pouvoirs sociopolitiques sont forts.

Dans ce qui suit, nous appuyons notre propos - le christianisme hostile à la préservation de la nature et donc de l'avenir - sur de l'écrit: le livre sacré, la Bible, et quelques ouvrages.

La Bible comme manifeste anti-nature.

Dieu dit, ayant béni et incité Noé juste débarqué de son arche, à se reproduire sans limites : "Devant vous la crainte et l'effroi s'étendront à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur terre; tous les poissons de la mer seront livrés entre vos mains." (Genèse 9.3). Ce n'est  pas la joie. En défense, des exégètes goûtent ce passage: " L'éternel prit l'homme et le plaça dans le Jardin de l'Eden pour le cultiver et le garder." (Genèse 2.15). C'était juste avant l'expulsion du Paradis. Dieu, ici, parait programmer l'homme comme intendant et non comme tyran des êtres vivants. Donc deux "Genèse" sur le marché. Mais même avec la moins mauvaise, l'intendance, ce n'est toujours pas la joie qu'une nature volontiers jardinée à la pelleteuse et au glyphosate.

 

Le christianisme cause de la crise écologique actuelle.

Lynn White Junior: professeur et historien américain, fils de Révérend. Il déchaîne la tempête en 1967 dans le Landernau écolo de son pays avec un article explosif qui électrise encore qui le croise:"Les racines historiques de notre crise écologique". Résumons son message. La conquête de l'Europe occidentale au Moyen Age par le christianisme fut une catastrophe dont nous subirons encore longtemps les durs effets.

Avant, il y eut le paganisme gréco-romain, avant la nature était respectée: "Dans l'antiquité, chaque arbre, chaque source, chaque filet d'eau, chaque colline avait son propre "genius loci", son génie protecteur [.] Avant de couper un arbre, il était donc important d'apaiser le génie protecteur du lieu et de faire en sorte qu'il demeure apaisé." Avant, l'homme était lié à la nature. Après ce fut comme s'il pouvait tout détruire avec entrain. Ce qu'il a fait.

Passons très au large des variantes du christianisme pour ne retenir que les deux principales en populations: catholicisme et protestantisme

 

- les catholiques. Ils présentent comme porte-drapeau de leur vertitude St François d'Assise. Né en 1226 et nommé patron des écologistes par le Vatican en 1979. Il serait l'auteur d'un beau "Cantique du frère soleil" dit aussi "de ses créatures": Loué sois-tu mon Seigneur avec toutes tes créatures. Est-ce à dire que si les chrétiens le voulaient, croyance et respect de la nature pourrait s'accorder? Peut-être mais au cours des siècles, ils ne l'ont pas voulu et il se pourrait que le plus grand miracle de François soit d'avoir échappé aux bûchers de l'Inquisition. Aujourd'hui si nous prenons comme emblème, parmi d'autres, la chasse: tristesse ! Des évêchés s'obstinent à bénir le massacre animal.

- les protestants. Deux éminents adeptes du respect de toutes vies - Albert Schweitzer et Théodore Monod - ont exalté leur protestantisme. Enfin une noble religion ?  Hum! Deux hirondelles ne font pas le printemps. Le sociologue Max Weber, mort en 1920, n'écrit pas que le capitalisme est né du protestantisme mais que les deux ont, à leurs origines, flirté très amoureusement. Ce dernier s'est avéré plus que soluble dans le profit, compatible avec une idéologie menant au libéralisme actuel, broyeur de nature. Le premier Maître, Luther, a donné le "la": travailler dur dans son métier, persévérer, gagner de l'argent, voilà qui plait à Dieu. Avec le calvinisme, a priori, la vie n'est pas rose: quoi que vous fassiez, Dieu sait depuis toujours si vous serez sauvé de l'enfer ou non. Mais plutôt que de se suicider, l'homme est à nouveau incité à travailler sans relâche et à accumuler. L'enrichissement est le signe par lequel Dieu informe les PDG, pardon ! les prédestinés, qu'une bonne place leur est réservée au Ciel.

En fait, c'est l'ensemble des monothéismes qui chagrine. Christianisme et judaïsme ont même Genèse  impitoyable. Si vous inscrivez "Islam et écologie" sur votre ordinateur, vous ne découvrirez rien sur une juste et respectueuse place de l'homme dans la nature. Pour Lévi Strauss, par rapport aux vastes pensées de l'Extrême Orient, chaque apparition historique de monothéisme a davantage marqué une décadence qu'un progrès.

 

Le christianisme laisse parader l'anti nature en son sein. Pourtant la grande crise écologique qui survient - dont l'hémorragie des espèces vivantes - va ébranler tout le monde corps et âme, croyants ou pas. Merci François de Rome de prendre le relais de François d'Assise mais vos soutiens ne sont-ils pas trop  mous? Pourquoi les croyant(e)s pour qui foi et sensibilité à la nature sont cohérents, se taisent-ils?