Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/12/2016

Pour un romantisme écologique

 Le romantisme, comme AOC, est daté - fin du 18e jusqu'au milieu du 19e - et situ : quelques pays européens. Son champ parait circonscrit à l'artistique, au littéraire :

"Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages

Dans la nuit éternelle emportés sans retours,.."

Il est cela et beaucoup plus. Universel et permanent même quand il n'est pas sur le devant de la scène. C'est une vision du monde et un monde de sentiments.

Source des citations: G.Gusdorf."Le romantisme" Tome 2. Payot 1993 (HN) et  M. Löewy et R.Sayre: "Révolte et mélancholie". Payot 1992 (RM)

 

Honneur au moi.

Le romantique a été sensible, exalté, rêveur, ayant du "mal à vivre". C'est qu'il est difficile de vivre là où l'on transforme monde et hommes en chiffres et profits. L'émotion, l'émotivité sont révélatrices de vérités tout autant que le théorème de Thalès. "Peuples, écoutez le poète. Ecoutez les rêveurs sacrés" (V. Hugo). L'âme est plus vaste que le destin subi. "J'étouffais dans cet univers. J'aurais voulu me lancer dans l'infini" (J.J.Rousseau). Tout moi possède en lui de l'exceptionnel que la société doit respecter.

 

Le désenchantement du monde.

Le romantique s'est dressé contre le capitalisme qui prenait alors son essor et, en découlant, l'industrie et la technologie telles qu'elles s'annonçaient. Il a combattu la perspective d'individus interchangeables (HN): " On ne peut façonner en masse des hommes réduits à la réalité du grain de sable dans un tas." Il a méprisé le "bourgeois" et sa morale sans pour autant s'intéresser, il est vrai, au "prolétaire" en gestation. Il a souffert de la "modernité" de son temps (RM)

- désenchantement du monde : "Frissons sacrés et pieuses ferveurs, enthousiasme chevaleresque, mélancolie béotienne, elle (la bourgeoisie) a noyé tout cela dans l'eau glaciale du calcul égoïste." (Karl Marx)

 - quantification et mécanisation du monde

- abstraction rationaliste: état, politique, institutions,..

- dissolution des liens sociaux.

 

Comprendre l'univers.

La "naturphilosophie" - traduire vaudrait trahir dit-on - serait le fondement de la vision romantique de l'univers. Elle est née en Allemagne à la fin du 18e. Goethe, monument historique classé outre-Rhin, en est l'emblème. Au départ, refus de transformer le livre vivant de la nature en traité de mécanique. Quelles relations Goethe/naturphilosophie/romantisme? "...l’œuvre de Goethe atteste en particulier dans sa conception de la nature, certains traits caractéristiques de l'esprit romantique, par exemple la tendance à l'unité et à la totalité, le sens de la vie dans la nature et l'assurance de pouvoir mettre à jour au profond de sa propre intimité le noyau de la nature".(HN). La Naturphilosophie a approfondi l'idée d'un organisme total au sein duquel se seraient développés les organismes particuliers. Rappelons qu'elle apparut 30 ans avant Darwin et ne pouvait évidemment en assimiler les principes. Son but, la formule est belle, ne fut pas l'équation du monde mais le chant du monde. Toutes les lumières y furent espérées: "...les sciences, la raison, la poésie, la religion, les arts, tout comme les organes sensoriels sont des voies d'approche vers une appréhension de l'univers dans sa totalité." (HN)

 

Harmonie avec la nature.

"Comment, me disais-je, ai-je pu exister si longtemps hors de la nature et sans m'identifier à elle ?" se demandait Gérard de Nerval. "Nous vivons au milieu d'elle et lui sommes étrangers" regrettait Goethe. Le romantique a voulu ou rêvé de se fondre dans la nature ou plutôt la Nature. Il a peint sa quête du Graal de diverses tonalités.(HN). Ainsi voit-il chaque individu comme immergé dans le flux des forces créatrices qui mènent le cosmos, participant aux rythmes de l'univers, pratiquant une "charité cosmique" qui conduit à s'identifier à tous les êtres vivants. Ne faut-il pas reconnaître avec Goethe que la contemplation de la nature incite à la pensée ? Aujourd'hui, tout autant qu'hier, la recherche de liens avec la nature est nécessaire dans un univers aussi désenchanté que celui des romantiques et pour des raisons socio-économiques proches. Davantage aujourd'hui qu'hier pour conjurer la régression foudroyante des êtres vivants compagnons de l'homme dans l'odyssée de l'évolution.

 

Ce serait une bonne nouvelle que l'émergence d'un romantisme du XXIe siècle qui soit carrément écologiste.